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Le travail artistique de Paul Klee

Je partage ici quelques réflexions, citations et  œuvres de Paul Klee.

Paul Klee  18 décembre 1879 Münchenbuchsee – 29 juin 1940 Locarno.

« L’art ne produit pas le visible ; il rend visible. » Paul Klee

L’art de  Klee n’est pas un art qui décrit mais un art qui suggère,  comme la musique essaie de donner un équivalent visuel de l’émotion ressentie.

Marc Le Bot nous dit   » La pensée suit, dans l’écriture, une démarche analogue a celle du peintre ; penser est, pour chacun et toujours, se laisser surprendre par les violences et les faiblesses de son corps pensant, du moins chaque fois, comme il advient dans les arts, que la visée de la pensée n’est pas d’accumuler du savoir. »

On pense avec son corps, tel est le point obscur. On pense avec ses yeux dont le propre travail est de fabriquer du visible à partir d’une invisibilité qui se donne soudainement comme confuse ou d’une invisibilité ancienne dont la dynamique mentale est comme sclérosée. » Paul Klee  »

« Il y aurait dans tout art une rêverie d’enfance : la nostalgie d’un corps dont les sensations étaient les pensées. »

Tout vagabondage dans l’espace entraîne la rêverie ; toute disposition rêveuse de l’esprit imagine des lieux et des personnages. « Une œuvre d’art c’est toujours ça : un corps anime une pensée ; une pensée excite un corps. » L’errance est nécessaire à cette part de travail mental que nous nommons « art. »

Klee cherche une identité entre les images et les mots. Pour lui écrire et dessiner sont identiques,  ces deux activités consistent à travailler des matières langagières qui sont sensibles à notre corps.

Klee n’exprime pas ses sentiments mais trouve quelque chose qui va lui permettre d’exprimer ses sentiments sans que ce quelque chose soit sentimental.

Klee cherche une émotion entre le figuratif et l’abstrait ,  le rationnel et l’émotion ,  le visible et l’invisible ,   l’ironie et la fusion.

L’écart entre deux points de l’espace est aussi un écart de temps. Une peinture dit les premiers mots, marque les premiers intervalles. Si bien que la rêverie de celui qui regarde l’image suivra une démarche qui devra beaucoup au hasard.

 

Chameau dans un paysage d’arbres rythmiques 1920.  Klee dit moins que ce qu’il  pense pour créer une distance ironique.

 

Une fois émergé du gris de la nuit 1918. Lettres, mots, écrits, couleurs et bande grise. La bande grise représente  un espace-temps  innommable, celui de la seconde guerre mondiale.

 

Légende du Nil 1937. Aspect régressif. Il y a une tension dialectique entre ce que montre l’image et ce que dit le titre, l’image s’enrichit au niveau de la polysémie de lecture.

 

Chat et oiseau  1928 portrait de représentation de l’obsession freudien « Le chat ne pense qu’à ça ». Le chat est présenté de façon ludique   comme un dessin d’enfant  représentant un chat.

 

Coup d’œil Suisse sur un paysage 1926. Contrepoint ironique entre le tableau et le texte et entre le texte et le tableau.

 

Saltimbanque 1930. Formes construites et hystérie du mouvement.

 

Le voyage à Tunis 1914. Synthèse entre rationalité  et émotion.

 

 Les bulbes à Kérouan 1914 ) Est-ce qu’il faut pousser la forme jusqu’à la lisibilité simple ou faire confiance à un dialogue en ironie critique, ligne à la couleur, couleur à la ligne.

 

Vue de Saint Germain 1914. Libération du voyage à Tunis.  La couleur chante.

« La couleur s’est emparé de moi. Je sais que je n’ai plus à courir après elle. Je sais qu’elle a pris possession de moi pour toujours. C’est le sens en ce moment béni : la couleur et moi ne faisons plus qu’un. Je suis peintre. » Klee rentrant de Tunisie

La révolution des viaducs 1937. Infrastructures du régime Nazi, puissance du « national-socialisme ». Klee appelle les viaducs à marcher contre leurs créateurs.

 

Village détruit 1920. Après la guerre de 1914, le monde est un décor vide, maisons posées sur le grand noir du néant.

 

Village détruit 1920. Soleil rouge, bougie éteinte.

 

Tout art singulier met en branle notre cénesthésie corporelle. Nos sensations de l’œil, de l’oreille, de la peau et aussi les sensations musculaires communiquent entre elles. Cet échange entre elle pour nous est une énigme. Aussi entend t’on  constamment parler les peintres de rythme et d’harmonie dans le traitement de leur couleurs. Le musicien parle de coloration des timbres, de la structure de la composition ou bien d’espace sonore. Dans l’art nous préservons l’enfance de la pensée. Nous ne voulons être séparés ni de notre corps-enfant, en notre mémoire immuable, ni de notre langue ni de ce qu’ils donnent d’intemporelle présence à tout ce qui est présent.  » Marc Le Bot

 » On projette des tâches de couleurs, on use de colle et de craie, on lisse et on gratte. On se livre à des manipulations de hasard, on se laisse entraîner par des impulsions corporelles. Cela ne suffit pas. Ne suffisent ni la malléabilité des matières, ni les mouvements incontrôlés du corps pour que la forme naisse de l’informe. » Paul  Klee

L’œuvre de Paul Klee conduit incessamment notre pensée à une semblable expérience de l’énigme.

 

Zentrum Paul Klee ,  Bern

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