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Il était une fois un arbre…

Un arbre pour parler le harcèlement tous ensemble.

Un arbre pour accueillir les mots difficiles à prononcer,

les mots qui font souffrir.

Les mots pour tenter de dire l’indicible, pour tenter de  nommer l’innommable.

Un arbre, un mot, des mots pour se libérer et écrire tous ensemble une poésie.

 

Sur cet arbre vous êtes invités à  venir déposer un mot, des mots….

 

Il était une fois un arbre…
Annick Chailloux

 

Appel à projet : vos mots sur nos maux

« Je suis un membre de l’association Parle, je t’écoute et je travaille actuellement sur un projet de livre collaboratif autour du harcèlement scolaire. Un fléau dont j’ai moi-même été victime et dont je souffre encore des conséquences à l’âge adulte. 

Le but de ce livre est de regrouper des textes ou autres créations ayant trait aux thèmes du harcèlement scolaire et de ses conséquences (troubles mentaux de l’adolescent et de l’adulte, suicide…). L’idée est de regrouper essentiellement des expressions artistiques, que ce soit des poèmes, des textes en prose, des illustrations, des témoignages, des photographies, etc. 

D’une manière générale, l’expression de la différence et de sujets encore trop tabous pour qu’ils ne soient plus stigmatisés. »

Guy Lecoq, membre de l’association  Parle, je t’écoute

Contacter Guy : guy@emailasso.net

 

Le harcèlement scolaire engendre une faible estime de soi, un sentiment d’infériorité, de l’anxiété, un faible intérêt pour la scolarité, une conduite de fuite. L’élève harcelé doit être entendu, il doit se sentir en confiance pour s’exprimer et déposer ses souffrances. L’élève harceleur doit s’exprimer , il est en souffrance, il a des mots, des maux à exprimer. Le langage est important. Nous sommes des êtres de langage.

« Je parle avec mon corps, et ceci sans le savoir. Je dis donc toujours plus que je n’en sais. »  Jacques LACAN

 

Introduction de mon travail « Il était une fois un arbre… »

Parallèlement à ma fonction d’art-thérapeute je suis engagée dans un travail artistique pour la liberté d’expression de chacun.

Jean-Paul Sartre nous dit

« L’important n’est pas ce qu’on fait de moi, mais ce que je fais moi-même de ce qu’on a fait de moi. » Saint Genet, comédien et martyr 1952

Le mot liberté est un mot qui me tient à cœur.

Liberté d’expression, liberté de penser librement…certes cela ne va pas de soi si je me réfère à la surdétermination de pensée inconsciente et consciente de l’homme, à la surdétermination du vécu et du fonctionnement de chacun. L’activité artistique  nous permet  d’aller à la rencontre de notre propre langage pour renouer avec notre potentiel de créativité. La créativité nous est innée, c’est en passant par la  déconstruction du langage que nous retrouvons notre essence. Le mot art nous vient du latin « ars » qui signifie « savoir y faire avec », ce qui revient à savoir bricoler avec la vie. Si l’on désire reprendre notre parole en main, devenir un parmi les autres il nous faut nous libérer de l’automatisme de répétition compulsive inconsciente.

Tenter de dire l’indicible, de nommer l’innommable pour aller vers un mieux-être certes, mais il y aura toujours un impossible à dire, un impossible à être, c’est notre condition d’humain.  Il y a toujours un reste… Oser faire un pas de côté, oser… oui il me semble que c’est ça osons oser  et partons à la découverte de notre richesse intérieure… L’inattendu nous réserve bien des surprises…

Didier Anzieu dans Le Moi-Peau à propos de l’enveloppe psychique  nous dit      « Cette enveloppe est à la fois un espace de protection mais aussi de communication. Il peut s’y produire des traumatismes, des déchirures qu’il faudra tenter de raccommoder. »…

…Alors on tricote pour aller à notre propre rencontre, on se  tisse une seconde peau, on se brode un espace de rêverie dans lequel on va coudre, découdre, recoudre, faufiler, rapiécer, raccommoder, repriser, donner des coups de ciseaux, faire du bruit, bâtir, aiguiller, faire silence…

C’est Pénélope en mal d’Ulysse qui  humblement répète inlassablement le même geste… C’est Ernst, le petit fils de Sigmund Freud qui avec sa bobine se prête au jeu du Fort Da…

Carl Gustav Jung nous dit  » Nul ne peut avoir de lien avec son prochain s’il ne l’a d’abord avec lui-même. »

Notre lien à l’autre se fait en miroir . Il y a l’image dans le miroir qui donne consistance au moi, il y a le point de vue de l’Autre qui atteste de cette vision, il y a enfin le regard comme objet. ( cf stade du miroir Jacques Lacan)

Parfois c’est le point de capiton qui fait défaut et il y a forclusion…

Lorsque l’on tricote pour l’autre, on tricote pour soi, on lui apporte de la chaleur, on prend soin de lui,  on est attentif à ses désirs, on est en lien avec lui, on désire le protéger des aléas de l’existence…

Dans puissance de la douceur,  Anne Dufourmantelle nous dit      « Pour approcher, voire guérir d’un trauma, il faut pouvoir aller jusque là où le corps a été atteint. Il faut coudre une deuxième peau sur la brûlure de l’événement, fabriquer une enveloppe protectrice sans quoi aucune délivrance n’est possible et le trauma fera hantise dans la vie de l’individu. La douceur est une des conditions de cette reconstruction. »

 

J’ai crée au printemps 2023 un premier arbre que j’ai nommé « L’Arbre à palabres ».

L’arbre à palabres est une invitation à venir jouer avec soi sans se jouer de soi,   créer du  lien, partager avec l’autre, les autres….  Un tissage de mots…une poésie…

Je cite René Char « Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux. »

Sur « L’arbre à palabres » chacun est invité à venir faire un pas de côté en déposant un mot, un brin de vie, un fragment d’existence, un désir inavoué ou la perte d’un désir…un silence intérieur, un recueillement.

Janvier 2023. Une femme que je nomme Rose m’envoie la photo de son ours en peluche accompagnée de ces mots. « Il nous accompagne toutes les deux, toi seule et mon ours savez. »  Rose a été victime d’inceste durant sa jeunesse. Elle a aujourd’hui 68 ans. « C’est une blessure qui ne cicatrisera jamais ça je le sais. On croit passer à travers ce genre de chose mais ça n’est pas tout à fait vrai. Je ne pense pas que la personne se remette en question !! Il n’y pense même plus j’en suis sûre !! Et je ne m’en suis pas trop mal sortie avec mon nounours. »  Rose souhaite t’elle m’enfermer avec elle et son nounours comme elle me l’écrit ou est-ce une bouteille jetée à la mer qu’elle me lance ? Les maux de Rose viennent me déranger. Je ne souhaite pas tolérer l’injustice, l’enfermement. Je trouve la situation absurde. Je désire parler, m’ouvrir, oser enfin faire quelque chose pour aider Rose et toutes les Rose, quel que soit leur genre et leur raison d’être enfermées, à sortir du silence. Respirer, ne plus avoir pour seule compagnie sa solitude et un objet transitionnel. Et si je bricolais une poésie  pour inviter des personnes en souffrances à venir déposer symboliquement leurs désirs et leurs mots ?

Je remercie Alain Vasseur,  directeur du festival Itinéraires Singuliers,   pour avoir  eu la gentillesse d’exposer mon travail   dans le cadre du festival « Itinéraires Singuliers » à l’église Saint Philibert de Dijon au printemps 2023. J’adresse également mes chaleureux remerciements à Didier Gasnier ainsi qu’à tous les participants, sans vous mon travail n’aurait pas vu le jour.

Je publie ci-dessous les photos de « l’arbre à palabres »  exposé à l’Église Saint Philibert ainsi que  les  photos de la libération des mots de « l’arbre à palabres »  à l’hostellerie de l’hôpital de la Chartreuse.

Cliquez sur les miniatures pour voir les détails de l’Arbre à Palabres :

L’Arbre à Palabre – 2023 Les mots ont ensuite été libérés et mis en poésie le 18 juin à l’hostellerie du parc de la Chartreuse.

Les mots déposés sur « l’arbre à palabres » ont été libérés puis mis en scène le dernier jour du festival à l’hostellerie de l’hôpital de la Chartreuse. Merci à Alain, Laurence, Christine, Didier, Geneviève, Chantal, Camille, Sacha, Charline pour ce magnifique partage de jeu.  Merci au public.

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